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13 septembre 2017 3 13 /09 /septembre /2017 18:49
Roma fight --- des féministes Romni queer et décoloniales : les lucioles
Roma fight --- des féministes Romni queer et décoloniales : les lucioles

 Nous sommes ensemble à regarder le ciel et à discuter de la terre, de comment changer les situations, l'injustice... lesbiennes, femmes et personnes transgenres, dissidentes, queers, Rroms de différents pays, écrivons ce texte pour mettre en lumière ce qui commence ailleurs que dans l'écriture, pour dire nos luttes vivantes et spécifiques, tout en les reliant à tous nos combats, « identités », engagements,


 

  • contre l'imbrication profonde de plusieurs rapports de domination, nous avons en commun la nécessité de changements politiques, culturels et sociaux, radicaux et profonds ; pour affirmer notre refus de tout ce qui tend à nous catégoriser, et pour faire entendre la singularisation de nos voix et nos positions communes. Notre libération e st aussi la résistance au capitalisme, aux guerres, à la militarisation, à la violence, à la police des pouvoirs, aux enfermements, aux expulsions et exils, aux exploitations par e travail, les trafics de corps, résistances à l'homo-trans-lesbophobies, au sexisme, aux patriarcats, aux colonialisme, aux dogmes liberticides ! Notre libération veut dire protection de nous-mêmes des nôtres, des enfants, de l'environnement et pour le partage des richesses !

  • pour mettre en évidence à la fois indépendance et liens avec nos allié-es : Rrom, personnes de genre et d'érotismes dissidents, féministes anti-racistes et décoloniales, avec tous les autres opprimé.es en lutte, nous sommes à l'écoute et solidaires de toutes les minorités dans le monde et le temps, combattant comme nous sur de multiples fronts, toujours au présent

 

En effet l'intersectionalité et mise en relations, en actions concrètes des différentes luttes où nous sommes vivantes, n'est en rien pour nous un luxe ou un simple point de vue intellectuel – c'est aussi bien l'incarnation de pensées au service de nos causes, que la mise en pensée des nœuds d'oppression, pour nous en libérer, et ce, d'une façon vitale pour chacune de nous et pour toutes. C'est notre point de vue qui ne prétend pas être celui de toutes les concerné.es.

Si nous sommes discriminé-es comme femmes, comme peuple et peuples Rrom, comme personnes de modes de vie non-binaires, d'amoures dissidentes », comme êtres humains subissant la précarité, l'exclusion de classe et de place sociale, nous avons une conscience aiguë d'être porteuses de forces créatives, de différentes formes créatives de combats pour la libérations contre les dominations et aliénations, extérieures et intérieures.

Transnationales, avec une langue commune, centrale, le Romani, et des langues nombreuses, partout où nous vivons, habitons, voyageons – dans nos différents pays, métiers, dans nos familles, nos amours, nos arts, dans les collectifs où nous agissons, nous nous battons avec détermination contre ces discriminations et injustices et, avant nous, bien d'autres femmes, rroms, souvent méconnues mais néanmoins actives, subversives et précieuses, nous ont ouvert des voies, leurs voix généreuses, exigeantes.

Nous sommes des Rromnis, des racisé.es, et pas «  plus modernes, plus présentables, ou plus honteuses, moins sauvages » que nos soeurs, notre genre/sexualité « non-conforme » ne nous a pas fait trahir nos peuples, races, parcours pour une « intégration » à un monde d'inégalités. Nous ne sommes pas les exceptions qui confirment les préjugés et les stéréotypes des oppresseurs. Nous ne sommes ni fétiches, ni ornements, masquant les relations de pouvoir qui renvoient nos êtres, nos amoures, nos corps et nos luttes dans la marge et l'inexistence.

 

Les différents états – à commencer par ceux d'Europe - ont tous – agi contre nos peuples Rroms et se sont construits sur un passé qui ne passe pas : exclusions féodales, esclavage pendant des siècles, fascismes, extermination sous le nazisme (et collaborateurs) - romaphobie structurelle persistante - violences policières - institutionnalité des expulsions et des violences policières, des inégalités, légitimité de stérilisations forcées, d'avortements interdits, de viols - surplomb du patriarcat européen et communautaire... L'invisibilisation par les pouvoirs des luttes Rroms, des luttes de femmes Rroms, des luttes des Rroms d'amoures et de genres dissidents n'est pas un hasard, il s'agit de les cacher car elles sont dangereuses en effet pour ces dominations - luttes pourtant permanentes, poétiques, courageuses. Le racisme colonial exercé à « l'extérieur » par les états d'Europe s'est aussi déchaîné à « l'intérieur », contre plusieurs populations ciblées, mises à mort, et cela se poursuit, contre migrant.es, pauvres, racisé.es, étranger.es ou assimilé.es, personnes malades, handicapées, fragiles... Le néocolonialisme impose sa loi et son marché de l'humain, promeut la destruction de la vie, se déchaine en d'incessantes prédations « libérales ». Il continue d'être désastreux contre les nôtres. De fait nous sommes souvent mis.es hors droits, boucs émissaires - mais nous nous plaçons aussi hors d'atteinte, différent.e.s, réfractaires, à cette violence qui prétend intégrer, couper, désintégrer, assimiler, diviser, classifier et exclure pour mieux exploiter, dominer, tuer, violer. Nous affirmons que d'autres organisations de vie - radicalement différentes du capitalisme hétéronormé - plus égalitaires ( !!!) et plus libres, ont toujours existé, que nous en portons collectivement transmissions, développement et gestations, novations.

Les féministes Rroms, résistantes contre toutes les oppressions, ont toujours existé et mené un combat puissant contre la dépendance et l'enfermement, contre le sentiment d'infériorité, contre l'empêchement à la culture, imposés par l'oppression raciste, sexiste et de classe. Comme femmes, lesbiennes, transgenres, queers, Rroms, nous sommes délibérément dans la transversalité et nos ancrages, comme nos voyages, nos exils, nos intérêts, nous amènent à une réflexion transnationale et internationaliste.

Les questions de santé, d'éducation, de formation, sont centrales, les institutions hétérocapitalistes dominent et nous ferment trop souvent les accès à l'expression, à la connaissance tout en pillant nos cultures. Le folklorisme prétend nous assigner à une seule représentation, paternaliste, la « féminité » serait traditionnelle ou moderne, mais toujours figée, mutilante, nos autres modes d'être sont méprisés. Ce système entrave une visibilité de nos richesses, et veut nous réduire à une image, à rien. Dans sa dimension patriarcale il prétend que le seul mode de vie que des Rromni pourraient suivre serait la famille hétéro-normée avec assignation des tâches, rôles etc, et peu d'accès au travail – à nos créations – aux transmissions de soins, d'études... C'est la précarisation, la xénophobie, le mépris de nos nombreuses compétences et notre mise à l'écart qui contribuent à l'enfermement, nous laissant l'urgence à gérer, nous volant le temps de maturation-éducation nécessaire comme à tout être humain. Notre diversité dans sa richesse lutte pour notre auto-émancipation ainsi que pour l'émancipation des femmes, de nos peuples, de nos amours, nous devons reconquérir notre droit à la parole et surtout celui de nous faire entendre.

 

D’emblée nous nous positionnons dans une lecture active, intersectionnelle des rapports sociaux de race, d'origines, de classe, de sexualité et de genre, de religion ou d'appartenance philosophique, de famille et d'amitiés, cela nous réjouit, remporte des victoires... rencontre bien des difficultés dès lors qu'il s'agit de changements profonds et durables, de changement de rapport de forces, de sociétés. D'autres féministes, queer, antiracistes, en particulier des afrodescendantes, nous ont ouvert des voix - nous les entendons pour nos combats singuliers et communs -

La tendance, même entre militant-es et allié.es, à reconduire la hiérarchisation des priorités, des luttes, persiste et tend à atténuer, effacer, édulcorer nos voix et à laisser en place la pseudo «naturalité» sexiste de l’hétérosexualité et du binaire, venue des patriarcats racialistes. Le risque de récupération, institutionnelle comme communautaire est important et nous sommes fatiguées des définitions énoncées par d'autres. Comme beaucoup de femmes Rroms nous sommes cultivées, créatives, fortes. Comme d'autres lesbiennes, queers et transgenres nous assumons pleinement nos vies, les choix, affinités, érotismes et cultures non-binaires qui sont les nôtres – même si, pour ne pas rompre certains liens sociaux et familiaux, pour ne pas être exposées à des violences masculines, groupales, le coming out n'est pas toujours le moyen par lequel nous nous déterminons – même si, le désespoir n'est jamais loin. Nos liens familiaux sont complexes et s'il ne sont pas le seul centre de nos vies, ils en sont un, majeur - malgré de fréquentes ruptures partielles liées au refus de celles que nous sommes. Nous sommes conscientes que beaucoup d'autres femmes restent (en partie) assignées à un mode de vie hétéro figé, parfois violent, du fait des fractures faites par l'histoire dominante à nos familles. Beaucoup sont tenues en otage, pour réparer sans cesse les conséquences des exactions institutionnelles romaphobes et pour maintenir des conditions de vie, voire de survie pour les leurs, pour leurs enfants. Nous n'agissons pas contre les nôtres, mais avec, au milieu, à côté d'elles et d'eux – contre toutes constructions opprimantes et hiérarchies aliénantes, dehors, dedans.

Nous savons aussi que l'apparence est trompeuse - le manque d'attention, la surdité, l'ignorance où sont plongés les gens – par le culte de l'argent, les mensonges médiatiques, l'intoxication idéologique imposée par des états et des multinationales armés, la terreur, la criminalisation de l'étranger.e - produisent acouphènes et angle mort à l'endroit de nos vies et de nos voix, des voix de rébellion et de liberté des femmes, lesbiennes et personnes trans, Rroms. Nos voix ne parlent pas dans les mêmes micros. Elles sont tout simplement occultées, et dites inexistantes parce que non-entendues, alors qu'elles sont résistance, actions quotidiennes et forces extraordinaires contre la déshumanisation.

C'est dans notre conscience de ces forces populaires, d'être de plusieurs centres, d'énergies, de plusieurs lieux, de plusieurs cercles et cultures, d'être différentes et singulières, que nous puisons les connaissances et les multiples aspects du combat. Ces forces profondes, érotiques et subversives, populaires nous relient afin que les oppressions multiples cessent de nous couper en morceaux. Nous inventons avec d'autres un autre monde, le combat est permanent, sans répit contre la volonté absurde des dominations patriarcalocapitaloracistedominantsexistes : chosification de l'humain, de tout vivant, de la terre, pour un profit stupide et génocidaire.

Il n'y a pas une seule façon de procéder pour vivre de façon simultanée et non hiérarchisée nos luttes, nos vies, nos amitiés et nos amours politiques. Le besoin d’échanger, de nous rencontrer et de fédérer se fait puissant, nous exprimer sur nos questions de femmes Rroms, lesbiennes et trans, féministes, de tous nos pays, parfois de plusieurs origines et peuples, permet de faire et de contribuer à des alliances intracommunautaires et extracommunautaires, fécondes, heureuses et lucides, la mise en invisibilité de la dimension politique de nos vies doit cesser.

Le monde a davantage besoin de nous qu'il ne le sait. Nous et nos ami.es le savons.

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